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L’INSTRUCTION DU PROCÈS.

en lieu sûr. Tybert le chat le rend responsable de la queue qu’il a perdue, et dame Mésange, sa propre commère, vous dira comment il voulut la dévorer, en lui offrant comme un autre Judas le baiser de la paix, Il faut enfin réprimer tant de méfaits ; c’est l’impunité qui seule a pu lui donner tant d’audace. »

À ce long discours, Baucent demande la permission de répondre en peu de mots : « Sauve votre grâce, messire Brun, on ne peut terminer brusquement la cause dont nous avons à connoître. La clameur d’Ysengrin n’a pas encore été rendue publique ; et certes il faudroit une grande sagesse pour juger, suivant droit et raison, une affaire dans laquelle on n’auroit entendu que l’accusateur. Nous avons écouté la plainte, nous devons écouter la défense. Qui nous presse ? Rome a-t-elle été faite en un jour ? Et je ne parle pas dans l’intérêt de Renart ou dans celui d’Ysengrin ; mais ne devons-nous pas tous souhaiter de prévenir une lutte publique devant la Cour ? Il faut tous deux les interroger et les entendre : quand Renart sera présent et que la cause sera débattue, nous verrons distinctement quelle amende il convient d’exiger de la partie coupable. »

« Oui, » dit Cointereau le singe ; « et le diable