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SURPRISE DE DAME HERSENT.

tout en colère. Supposeriez-vous que j’aie voulu frapper dame Hersent ? Je suis prêt à jurer que j’ai fait tout ce qui dépendoit de moi pour la dégager. — Toi jurer ! double traitre ! mais ta vie n’est qu’un long parjure. Laisse tes mensonges et tes inventions ; j’ai vu, j’ai entendu. Est-ce en l’outrageant de paroles que tu marques ton respect pour elle et pour moi ? — Vous êtes en verité trop fin et trop subtil, sire Ysengrin. Votre femme s’est engagée volontairement dans cette porte ; elle n’en étoit pas encore sortie, j’en conviens, mais j’allois la délivrer quand vous êtes arrivé. Si je ne me suis pas pressé davantage, c’est que je fus, il n’y a pas longtems, blessé à la jambe, et que je n’ai pu faire plus grande diligence. Je vous ai dit la vérité ; vous en tomberez d’accord, à moins que vous ne soyiez décidé à me faire mauvaise querelle. D’ailleurs, Madame est là ; vous pouvez l’interroger, je suis bien sûr qu’une fois rendue libre elle ne joindra pas sa clameur à la vôtre. Dieu vous garde, sire Ysengrin ! » Cela dit, il rentra la tête dans Maupertuis, ferma la lucarne et disparut.

Ysengrin n’étoit pas dupe de ces belles paroles. Il croyoit en avoir assez vu, les excuses du coupable étoient, pensoit-il, un nouvel outrage. Il vient à sa femme qu’il essaie de