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TRENTIÈME AVENTURE.

leur logis ! Oui, je le vois, vous vous êtes engagée par le cou, pour avoir le prétexte de rester plus longtems avec moi. Oh ! demeurez tant qu’il vous plaira : si le compère Ysengrin vous trouve, je ne m’en mêle pas, qu’il en pense ce qu’il voudra. Lui direz-vous encore que vous ne m’aimez pas, que vous ne m’avez jamais accordé de tête-à-tête ? Quant à moi, je vous le déclare ; je dirai tout le contraire, que vous m’aimez cent fois plus que votre mari et que rien ne vous arrête quand vous avez l’espoir de me rencontrer. »

La pauvre Hersent, plus confuse qu’on ne sauroit dire, répondoit en priant le méchant roux d’avoir compassion d’elle et de la tirer du mauvais pas où elle se trouvoit ; Ysengrin arriva comme Renart essayoit en effet de lui porter secours. Quelle ne fut pas alors sa rage ! « Ah ! maudit nain ; vous allez payer cher ce dernier outrage. — Lequel, et de quoi parlez-vous ? » répond Renart qui s’étoit hâté de rentrer au logis et se remontroit par la plus étroite ouverture. « En vérité, sire Ysengrin, vous reconnoissez mal le service que j’allois rendre à votre digne épouse. Ne voyez-vous pas comme elle est prise ? Est-ce ma faute si elle est venue s’y engager ? Cependant, au lieu de me remercier de l’aide que je lui portois, vous en paroissez