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VINGT-HUITIÈME AVENTURE.

liant. Cependant ma femme ! ma femme !… Mauvais propos que tout cela ; je veux me venger du Roi, Renart m’offre ses conseils et son aide, je serois fou de l’éconduire. »

Il répond donc à Renart : « Bel ami, cher et doux compère, j’ai réellement besoin de votre aide et je vous la demande. Je voudrois, avant l’arrivée de la première nuit, tirer vengeance de notre mauvais roi. — Oh ! » reprend aussitôt Renart, qui ne vouloit que donner le change à son compère sur le principal objet de ses rancunes, « il ne faut pas tant se presser ; nous en reparlerons une autre fois : pour le moment, j’ai le plus grand besoin de revoir ma famille ; je suis hors de Maupertuis depuis fort longtemps, et je veux y faire un tour. Adieu, cher oncle Ysengrin ; demeurons tout d’un accord contre l’orgueil du Roi. » Cela dit, les nouveaux amis prirent congé l’un de l’autre. Avant d’avoir fait cent pas, ils avoient oublié la guerre qu’ils devoient entreprendre et la foi qu’ils avoient déjà si souvent jurée et mentie.