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VINGT-CINQUIÈME AVENTURE.

de voir de quel pied vous clochez. » Il trottine alors à pas pressés vers Renart qui jette aussitôt sur lui la manche de sa pelerine. Il croyoit le tenir et le faire bientôt passer par son gosier ; mais il manqua son coup, et Frobert trouva par bonheur une sortie au travers de l’enveloppe : « Ah ! Renart ! je t’avois reconnu, » dit-il, « tu n’as pas changé de nature en changeant de vêtement. Ce sont pelerins du diable ceux qui guettent les gens sur la route ; mais heureusement Dieu m’est venu en aide. — Damp Frobert, » répond Renart, « n’avez-vous pas un peu trop bu ? Moi vous guetter ! ne voyez-vous pas que j’en voulois seulement à votre livre ? si j’avois pu le saisir, j’y aurois appris, assurément, de beaux cantiques. J’avois grand besoin d’en chanter, car je suis en mauvais point : les pelerinages m’ont épuisé, je n’ai plus longtemps à vivre, et je n’ose penser sans effroi à tous les péchés que j’ai commis. Encore si j’avois un confesseur ! Vous plairoit-il, damp Frobert, de m’en servir ? car, vous le savez, je ne dois pas espérer rencontrer ici le prêtre que je venois voir ; il est, m’a-t-on dit, au synode.

— Patience ! » répondit Frobert, « le prêtre ne peut tarder longtemps à revenir. » Au même instant on entend les aboiements de plusieurs mâtins escortés de piqueurs, d’arbales-