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que de celui de ses chevaux. Il est encore alerte et vigoureux, et s’il vous donne la main, la pression est en raison directe de l’amitié qu’il a pour vous. Dans les premiers temps de notre connaissance, je lui tendais la mienne sans crainte : aujourd’hui je ne le fais qu’avec appréhension, car depuis quelques tems je ne la retire qu’à demi broyée.

Il possède cette jeunesse qui en vaut bien une autre, et fait oublier à tout le monde et probablement à lui-même aussi, les années qu’il peut avoir : il est gai, d’humeur égale, toujours prêt à rendre service, à donner une corvée pour relever une grange abattue, une maison incendiée, une charrette embourbée, réparer un chemin même avant de savoir si la loi de voirie l’y oblige.

Mon voisin ne s’est jamais activement mêlé d’élections : il n’a jamais trouvé de candidat qu’il approuvât ou blâmât complètement, ce qui explique pourquoi il n’est ni juge de paix ni officier de milice ; cela n’empêche pas qu’on l’appelle toujours capitaine, titre pacifiquement nautique, je pense, plutôt que martialement militaire, et qui probablement lui est resté du gouvernement d’un bateau