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aiment surtout à mettre leur voiture : mon voisin n’est pas chiche d’un bouchon de foin au service de ceux qui restent pour les vêpres, et plusieurs même de ses amis acceptent son invitation ordinaire « d’une assiette de soupe sans cérémonie. »

Attiré peu à peu par le charme rustique des veillées de mon voisin, je me suis surpris à les fréquenter souvent, et j’ai pu m’apercevoir que ceux mêmes qui semblaient toujours prêts à faire bon marché de sa haute raison, étaient les plus empressés à venir jouir de son hospitalité quotidienne ; mais je dois, en toute justice, avouer aussi que les habitués y étaient entraînés sans s’en douter, plutôt par l’attrait des entretiens ingénus de leur hôte que par toute autre chose.

Au physique mon voisin ressemble à tous ces hommes qui ont passé la plus grande partie de leur existence au grand air et à de rudes travaux. Il doit avoir passé la soixantaine. Je ne saurais dire au juste son âge. Il pourrait avoir cinquante ou quatre-vingts ans. Je le lui ai demandé un jour ; mais il me répondit, en riant, qu’en fait d’âge il ne s’occupait