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quelques-uns de ces tours qu’on voit aujourd’hui dans les cirques. À présent on se contente d’en rire, et on leur pardonne de bon cœur de nous attraper notre argent.

François. — Tout ça est bel et bon ; mais avec tous vos progrès il y a encore bien des abus. Par exemple, allez-vous me dire qu’il ne faudrait pas punir le grand Jacques le quêteux, qui, l’autre jour, a menacé ma femme de lui jeter un sort, si elle ne lui donnait pas la charité. Je ne dis pas qu’on devrait lui arracher les membres pour ça, mais on devrait pouvoir le punir.

Bonsens. — Eh ! mon pauvre ami ! Si grand Jacques avait le pouvoir de jeter des sorts à ta femme, il en jetterait aux juges, aux avocats, aux geôliers, et il se sauverait de la prison. Mais crois moi, les jeteurs de sorts diminuent tous les jours, et quand l’ignorance aura disparu du monde, on n’en verra plus. Si grand Jacques vient encore te demander poliment un morceau de pain, donne-le lui de bon cœur, car, après tout, c’est bien triste d’en être réduit là ; mais s’il menace montre lui un bon bâton, et je t’assure