Page:Les Veillées du Père Bonsens - Premier entretien (vol 1 et 2), 1865.pdf/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un signeux qui signe les lois pour leur donner l’autorité. Quand il s’en va, un autre le remplace qui signe aussi, et à qui on paie le même montant. Les rois font le même ouvrage plus en grand ; ce sont de gros signeux, et on les paie en proportion. Je ne trouve rien à redire à cela si les payeurs ne s’en plaignent pas. Mais, pour en revenir à mon grand roi de France, il n’avait pas la peine de demander un salaire : comme il vivait dans le bon vieux tems que certaines gens regrettent encore, il prenait lui-même ce qu’il lui fallait sans s’occuper de ce que cet argent coûtait à ceux qui avaient à le gagner. Il lui en fallait pour ses seigneurs, pour ses voitures, pour les grandes dames avec qui il se promenait en plein jour, pour les grandes bâtisses qu’il faisait construire. Enfin, du train qu’il y allait, il n’en avait jamais assez comme vous devez bien penser. Eh ! bien, toujours d’extravagance en extravagance, le grand roi fit tant qu’il réduisit le pauvre peuple de France à la plus grande misère. Le grand roi mourut après une longue agonie durant laquelle il fut laissé tout seul, tandis que les seigneurs qu’il avait gorgés de faveurs dansaient et chantaient dans une chambre voisine.