Page:Les Veillées du Père Bonsens - Premier entretien (vol 1 et 2), 1865.pdf/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bonsens. — Je ne dis pas ça. Je les suppose bons comme qui que ce soit. Mais il n’y a, heureusement, pas de douleur éternelle. Bref, les enfants héritent, et au lieu de continuer les affaires du défunt que souvent ils n’ont pas étudiées, les uns veulent aller à hu, les autres à dia. L’orgueil se met de la partie, et on se lance dans les dépenses qui mangent bien vite les intérêts du capital, le loyer des maisons, les produits des terres qui sont négligées. On hante plus riche que soi et l’on ne veut pas paraître plus bas qu’on n’était du vivant du père ; on a besoin de fonds, et comme on ne veut pas par orgueil s’avilir par le travail, on s’adresse aux usuriers qui sont de sucre quand ils prêtent, et de vinaigre quand ils demandent remboursement. En fin finale les maisons, les terres, les chantiers, les parts de banque se vendent, et tout cela fait de la place pour ceux qui étaient en bas et qui maintenant peuvent monter.

Jacqueline. — Eh oui ! et tout ça a passé chez le tailleur, chez la modeuse, chez les marchands ; les plumes se sont envolées et les rubans sont aux guenilles. C’est bon pour eux. Je ne les plains pas.

François. — Oh ! tout n’est pas allé aux guenilles. Les aubergistes ont eu leur bonne part, les maquignons ont eu la