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pauvre Quenoche. Et les filles, me diras-tu, que ce n’est pas de l’orgueil qui les pousse à s’attifer comme des arcs-en-ciel et des vitraux de marchandises sèches ? Moi, je vous dis que notre bon petit droguet d’autrefois avait l’air plus honnête et plus cossu, et que nos bonnes grosses jupes bien piquées n’avaient pas l’air si effronté que ces ballons qui se lèvent de ci de là, au moindre mouvement. Oh ! l’orgueil, l’orgueil ! tenez, quand j’y pense…

Bonsens. — Ne t’échauffe donc pas tant, ma pauvre sœur. Quand nous étions jeunes, je pense bien que nous ne valions pas mieux que ceux d’aujourd’hui, et nous mettions peut-être notre orgueil sur d’autres choses qui n’en étaient probablement pas meilleures. Voyez-vous, mes amis, il me semble que l’orgueil, comme tout dans ce bas monde, doit avoir son utilité. Je crois, moi, que c’est la charrue, le bouleverseur dont la Providence se sert pour cultiver et égaliser le terrain de l’humanité. C’est comme cela qu’elle amène dessus, à l’air, et au soleil, ce qui autrement resterait tou-