Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
CONTES ARABES.

changée ? Hier ce n’étoit qu’une masure, rien n’étoit blanchi, point de peinture nulle part, encore moins de marbre. Dormons-nous, et tout ceci n’est-il qu’un songe, ou bien est-ce l’effet d’un enchantement ? »

« Il n’y a point d’illusion, dit la vieille ; tout s’est fait naturellement. C’est mon gendre qui a opéré ces merveilles, et qui m’a envoyé tout ce que vous voyez. » « Votre gendre ! Et quel est-il ? Quand avez-vous donc marié votre fille ? Nous n’en avons rien su. » « Tout cela s’est fait aujourd’hui. » « Quel est l’état de votre gendre : il faut que ce soit un riche marchand ou un grand seigneur ? » « Mon gendre n’est ni marchand ni grand seigneur : c’est un voleur, mais non pas un voleur ordinaire ; c’est le chef, le capitaine de tous les voleurs. » À ces mots, les voisines sont saisies de frayeur, et disent à la vieille :

« Au nom de Dieu, faites-nous la grâce de nous recommander à votre gendre, afin qu’il n’enlève rien de nos maisons ! Entre voisins on