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LES MILLE ET UNE NUITS,

Si quelqu’un de vous répond autre chose, il sera mis en croix sur-le-champ. »

Le marbrier assembla tous les ouvriers de sa profession, fit charger le marbre et tout ce qui étoit nécessaire pour leur travail, se rendit à la maison que le calife avoit indiquée, et y entra avec tous ceux qui l’accompagnoient. La vieille aussitôt se présenta : « Que voulez-vous ? » « Nous venons pour paver cette maison. » « Qui vous a envoyés ? » « Votre gendre. » « Quelle est la profession de mon gendre ? » « Nous n’en savons rien. » « Mais, comment s’appelle-t-il ?» « Le Bondocani. » « Mon gendre, dit en elle-même la vieille, n’est qu’un voleur ; mais c’est assurément le premier, le chef, le plus distingué de tous les voleurs. » Les marbriers s’étant partagé la besogne, chacun d’eux n’eut à faire qu’une coudée d’ouvrage, ou même moins.

Le calife avoit donné des ordres pareils au chef des menuisiers : celui-ci rassembla tous les autres menuisiers,