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CONTES ARABES.

vint la chercher : elle le suivit fort contente, et s’approcha du cadi qui lui dit : « Que voulez-vous, bonne femme ? » « Seigneur, répondit-elle, j’ai chez moi un jeune homme qui voudroit que vous vinssiez le trouver. » « Qui est ce jeune homme qui veut que j’aille le trouver, et quel est son nom ?» « Il dit, reprit la vieille, qu’il s’appelle le Bondocani. »

À ce nom, qui étoit le nom secret du calife, et qui n’étoit connu que des gens en place, le cadi se leva sur-le-champ, et dit à la vieille : « Marchez devant moi et me montrez le chemin. » Tous ceux qui étoient là eurent beau lui demander où il alloit, il ne leur dit autre chose, sinon qu’il lui étoit survenu une affaire, et il partit avec la vieille. Celle-ci réfléchissoit, chemin faisant, et disoit en elle-même : « Ce pauvre cadi est un bon-homme. Mon futur gendre l’a sûrement régalé cette nuit de quelques coups de bâton : il craint que pareil accident ne lui arrive encore, et voilà pourquoi il s’empresse si fort de venir le trouver. »