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LES MILLE ET UNE NUITS,

vu de si étonnant. « Il y a, dit cet homme, dans ce bazar, une femme qui, depuis le point du jour, récite le Coran avec tant de justesse et de clarté, qu’il semble entendre l’ange Gabriel révélant lui-même à Mahomet ses divins préceptes. Malgré cela personne n’a encore donné la moindre chose à cette pauvre femme : vous conviendrez que rien n’est plus étonnant. » Le calife ayant entendu cela, entra dans le bazar, et vit une vieille femme qui récitoit le Coran, et en étoit déjà aux derniers chapitres. Il fut ravi de la manière dont elle le récitoit, et s’arrêta pour l’écouter jusqu’à ce qu’elle eût fini.

Le calife voyant alors que personne ne lui donnoit rien, mit la main dans sa bourse avec le dessein de lui donner tout ce qu’elle renfermoit encore. Mais la vieille s’étant levée tout-à-coup, entra dans la boutique d’un marchand, et s’assit à côté de lui. Le calife s’approcha, prêta l’oreille, et entendit ces mots : « Voulez-vous une jolie personne ?» « Volontiers. » « Eh