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CONTES ARABES.

manger de ces gâteaux : ils doivent être excellens. « Es-tu fou, dit la femme ? Va plutôt les vendre. Cela vaut au moins trente à quarante drachmes qui nous serviront à entretenir nos enfans. » « Laisse-nous, dit le mari, nous régaler de ce que Dieu nous envoie. » La femme se mit alors à crier et à pleurer, en disant : « Nos enfans n’ont ni bonnets, ni chausses. »

Les femmes ont presque toujours raison : celle-ci l’emporta enfin. Le mari prit le plat et le remit au crieur public pour le vendre avec les gâteaux. Quelqu’un en offrit d’abord quarante drachmes ; enfin il monta jusqu’à quatre-vingt. Un des marchands, considérant alors le plat attentivement, vit ces mots gravés sur le bord : Fait par ordre du Commandeur des croyans. Il fut fort étonné, et demanda au crieur s’il vouloit les faire pendre avec son plat ? Le crieur ne comprenant rien à ce discours, le marchand lui dit que ce plat appartenoit au Commandeur des croyans.