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LES MILLE ET UNE NUITS,

mais il ne pouvoit se résoudre à lui ôter la vie. Son amour pour elle sembloit augmenter depuis qu’il s’étoit privé du plaisir de la voir ; il sentoit qu’en la faisant mourir, il s’exposoit aux plus affreux regrets, et que peut-être il ne pourroit lui survivre.

» La nourrice du sultan, qui demeuroit dans le sérail, fut alarmée du changement qu’elle remarqua sur son visage. C’étoit une femme prudente et expérimentée, qui passoit pour connoître quantité de remèdes et de secrets, et en qui le sultan avoit ordinairement beaucoup de confiance. Craignant, cette fois, d’aigrir son chagrin, ou qu’il ne voulût pas lui en découvrir la cause, elle résolut de s’adresser à Schah-khatoun, qu’elle voyoit être dans le même état que le roi. « Qu’a donc le sultan, lui dit-elle un jour : il paroît accablé de tristesse, et ne prend presque plus de nourriture ? » « Je ne sais, répondit Schah-khatoun. »

» La vieille nourrice ne se rebuta pas de cette réponse, et fit tant par