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CONTES ARABES.

à la circonstance de la citerne, la reine changea de couleur, et fut sur le point de jeter un cri. « Qu’avez-vous, lui dit le roi, qui s’aperçut de l’impression que ce récit faisoit sur elle ? La perte de vos trésors peut-elle vous affecter à ce point ? « Prince, répondit la reine, je vous jure, par la gloire de votre empire, que je ne suis touchée que des maux que ce fidèle serviteur a soufferts pour moi. Peut-être cette sensibilité vous paroîtra excessive ; mais cet esclave m’est attaché depuis mon enfance, et il faut pardonner à mon sexe un peu de foiblesse. Le roi témoigna à son épouse qu’il étoit fâché de lui avoir fait un récit trop fidèle, et se retira.

» Schah-khatoun, se voyant seule, fit appeler son esclave. Il lui raconta tout ce qui étoit arrivé au prince depuis sa sortie de prison, les artifices de son oncle, sa captivité, la manière miraculeuse dont Dieu l’avoit soustrait à la mort, ce qui l’avoit engagé à quitter de lui-même la Perse ;