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LES MILLE ET UNE NUITS,

le peuple s’entretient de cette affaire, ce n’est qu’à l’instigation de vos visirs. Eux seuls fabriquent et répandent les bruits injurieux, qu’ils font ensuite parvenir jusqu’à vous. Mais j’espère que Dieu fera retomber sur eux leur perfidie et leur méchanceté. Pourquoi le roi se hâteroit-il de me faire mourir ? Je suis dans sa main, comme l’oiseau dans celle du chasseur qui l’a pris. Il l’étouffe, s’il veut, et il lui donne la liberté, s’il veut. Ce délai même dont on murmure, ne vient point du roi, mais de celui qui est l’arbitre de la vie et du trépas. Si l’instant de ma mort eût été marqué plutôt, toute la puissance du roi n’auroit pu le reculer, de même que toute la malice de vos visirs ne peut l’avancer. C’est ce qu’éprouva le cruel Balavan, fils aîné du roi Soleïmanschah. Toute sa haine, tous ses attentats contre la vie du jeune prince son neveu furent inutiles. Dieu le retira des portes du trépas, et lui conserva la vie jusqu’au terme marqué par ses décrets. »