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CONTES ARABES.

de toute la ville ; votre indulgence pour lui donne lieu à des bruits injurieux que je ne puis supporter plus long-temps. Ordonnez sa mort, ou faites-moi périr moi-même. »

Le discours de la reine produisit l’effet qu’en attendoient les visirs. Le roi lui témoigna qu’il partageoit son ressentiment ; que ces bruits l’outrageoient autant qu’elle, et qu’il alloit les faire cesser à l’instant. La reine s’étant retirée, on fit entrer le jeune homme.

« Malheureux, s’écrièrent les visirs en le voyant, tu voudrois en vain prolonger maintenant tes jours ! Ton heure est enfin venue, et la terre elle-même a soif de ton sang. « 

« Vos discours, répondit le jeune homme, et votre rage jalouse ne peuvent hâter ma mort. L’instant en est irrévocablement fixé par la Providence ; rien ne sauroit ni l’avancer ni le reculer : ce qui est écrit par le doigt de Dieu, ne peut manquer d’arriver, et tous nos efforts, toutes nos précautions ne peuvent nous en