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CONTES ARABES.

sa main pour le roi votre maître ? » « Prince, répondit Aboutemam, je me serois bien gardé de faire cette demande à votre fille : je ne me suis pas permis de lui dire un mot. » « Vous avez au moins, ajouta le roi, pris les vases d’or et d’argent que je vous destinois ? « « Je n’ai rien reçu, répondit Aboutemam. »

» Le roi, satisfait de la réserve et de la circonspection d’Aboutemam, se fit apporter une robe d’honneur, et l’en revêtit. Il le mena ensuite hors de la salle, lui montra un puits, et lui dit de regarder dedans. Aboutemam s’avança, et vit que le puits étoit rempli de têtes d’hommes.

« Ce sont, lui dit le roi, les têtes de ceux qui m’ont été envoyés avant vous pour me demander ma fille. Elles sont au nombre de quatre-vingt-dix-neuf ; la vôtre eût fait la centième, si vous vous étiez conduit avec moins de délicatesse. Les autres envoyés ont manqué au respect qu’ils devoient, non-seulement à moi et à ma fille, mais à leur maître. J’ai