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CONTES ARABES.

mais comment peux-tu te flatter d’obtenir le pardon d’un crime qui blesse les lois, les mœurs, la religion, et compromet à la fois la gloire du monarque, et la sûreté de son empire ? » Le roi ayant ordonné qu’on fit venir l’exécuteur, tous les visirs offrirent leurs bras, et se disputèrent l’honneur de servir de bourreau.

« Sire, dit alors le jeune homme en regardant avec mépris les visirs, la rage et l’acharnement de vos visirs contre moi, découvre évidemment la haine et la jalousie qui les animent. Ils veulent se débarrasser de moi pour pouvoir, à leur gré, disposer comme autrefois de vos trésors… »

« Toi seul les accuse, dit le roi en l’interrompant, tandis qu’ils déposent tous les dix contre toi. »

« Comment peuvent-ils, reprit le jeune homme, déposer de ce qu’ils n’ont point vu ? Cette circonstance montre de plus en plus leur malignité ; et si vous cédez aux efforts conjurés de leur haine, vous éprouverez infailliblement les regrets qu’éprouva