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LES MILLE ET UNE NUITS,

autorité qu’il a usurpée par la violence. Il sait que tous les cœurs sont pour Bakhtzeman, et que s’il paroissoit ici, cent mille bras se leveroient pour le remettre sur le trône. »

» Bakhtzeman, touché de l’attachement que conservoient pour lui ces officiers de l’usurpateur, crut devoir leur déclarer qui il étoit. Aussitôt ils descendirent de cheval, se prosternèrent devant lui, baisèrent ses étriers, et lui demandèrent comment il osoit exposer ainsi sa vie ? « Je ne crains pas pour ma vie, leur répondit-il, Dieu saura, s’il veut, la conserver ; c’est en lui que je mets maintenant tout mon espoir. »

« Puisqu’il est ainsi, lui dirent-ils, vous devez triompher de l’usurpateur, qui ne met sa confiance que dans les hommes. Quant à nous, nous sommes prêts à tout tenter, et à verser pour vous jusqu’à la dernière goutte de notre sang. Nous sommes les plus intimes confidens de l’usurpateur : nous allons vous faire entrer parmi nous dans la ville, et nous