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CONTES ARABES.

» Le roi Bakhtzeman, plein de confiance dans cette vision, prit le chemin de son royaume. Arrivé près de sa capitale, il rencontra quelques personnes attachées au service du nouveau roi, mais qui, malgré cela, regrettoient vivement son prédécesseur : elles virent bien qu’il venoit d’un pays étranger, et lui conseillèrent de ne pas entrer dans la ville.

« Le nouveau monarque, lui dit l’une d’elles, a une telle frayeur du dernier roi Bakhtzeman, qu’il fait trancher la tête à tous les étrangers, dans la crainte qu’ils ne soient, ou le roi Bakhtzeman, ou quelque émissaire de sa part. » « Pourquoi craint-il Bakhtzeman, leur demanda le prince, assuré qu’il n’étoit pas reconnu ? C’est Dieu seul qu’on doit craindre : le mal et le bien ne viennent que de lui. »

« Vous avez raison, lui dit-on, mais le nouveau roi s’embarrasse peu des jugemens de Dieu ; il se repose sur sa puissance, et sur les troupes qui l’entourent, et cherche il conserver par la tyrannie une