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CONTES ARABES.

Il l’examine avec attention, aperçoit une légère ouverture, et y applique ses yeux.

» On étoit alors occupé de la toilette de la mariée. Sa mère s’étant aperçue que quelqu’un la regardoit, prit deux fers chauds des mains des femmes qui arrangeoient ses cheveux, les introduisit dans l’ouverture, et creva les yeux du prince. La douleur lui fit pousser un cri perçant ; il tomba sans connoissance. Ses gens accourent à son secours, le relèvent, le rappellent à la vie, et lui demandent quel accident l’a réduit dans cet état ? Son malheur lui fait alors reconnoître son défaut. « C’est mon impatience, répondit-il en soupirant. Dans quelques instans j’allois posséder et contempler à mon aise celle qui devoit me rendre heureux. Je n’ai pu attendre quelques instans ; mes yeux ont voulu jouir d’avance du plaisir de la voir : ils en sont punis par la privation de la lumière. »


» C’est ainsi, ô Roi, ajouta le