Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
CONTES ARABES.

roi revint le lendemain dire la même chose au malheureux Abousaber. Tous les jours il lui faisoit donner un pain, et lui répétoit les mêmes paroles auxquelles l’infortuné ne répondoit rien.

» Le roi avoit eu autrefois un frère, contre lequel il avoit conçu de la jalousie, et qu’il avoit fait renfermer dans ce souterrain. Ce frère n’avoit pu supporter long-temps l’ennui et la rigueur d’une telle captivité. Les grands du royaume, qui ignoroient sa mort, murmuroient d’une détention aussi longue, et taxoient le roi d’injustice. D’autres raisons se joignant à celle-ci, le mécontentement devint général. Le roi ne fut plus regardé que comme un tyran : on se jeta un jour sur lui, et on le tua.

» On alla aussitôt au souterrain, et on fit sortir Abousaber, que l’on prenoit pour le frère du roi. La ressemblance qu’Abousaber avoit réellement avec lui, le temps écoulé depuis que ce frère avoit été renfermé,