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LES MILLE ET UNE NUITS,

chanceté du méchant retombe sur lui ? Si j’avois voulu tuer moi-même ce lion, je n’aurois peut-être pas réussi. Voilà l’avantage de la patience. »

» Quelque temps après, il se commit un assassinat dans le village qu’habitoit Abousaber. Le roi, pour punir le village, le fit saccager et mettre au pillage. On enleva une grande partie de ce que possédoit Abousaber. Sa femme lui dit alors : « Tous ceux qui sont auprès du roi te connoissent, et sont convaincus de ton innocence. Présente une requête au roi, afin qu’il te rende tes biens. »

« Ma femme, répondit Abousaber, ne vous ai-je pas dit que le mal retombe toujours sur celui qui le fait ? Le roi fait du mal, il en sera puni. Quiconque prend le bien d’autrui, doit se voir bientôt enlever le sien propre. »

» Un des voisins d’Abousaber, autrefois jaloux de son opulence, et qui étoit toujours son ennemi, entendit ces propos et en informa le roi. On enleva, par son ordre, tout ce qui res-