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LES MILLE ET UNE NUITS,

» Un des amis du marchand vint alors le trouver. Il lui dit qu’il ne seroit jamais heureux dans le commerce du blé, et lui conseilla de vendre celui qu’il avoit, à quelque prix que ce fût. Le marchand répondit que depuis long-temps il ne gagnoit rien, qu’il ne pouvoit se décider à perdre sur ce blé, et que, quand il devroit le garder dix ans, il ne le vendroit qu’avec avantage. En même temps, pour faire voir à son ami qu’il étoit bien résolu à garder encore son blé, il fit murer la porte de l’endroit où il l’avoit fait entasser.

» Quelque temps après, il vint des pluies presque continuelles et si abondantes, que l’eau pénétra par le haut du magasin, qui fut presqu’entièrement inondé. Le blé se gâta bientôt au point que l’odeur de la pourriture se faisoit sentir fortement au-dehors. Le marchand fut obligé de faire emporter ces grains gâtés, et de les faire jeter hors de la ville. Les porte-faix qu’il prit pour cela, profitant de la circonstance, se firent payer fort cher ;