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LES MILLE ET UNE NUITS,

injurieuse pour lui, si vous épousiez sa fille sans qu’il en fût instruit. » « Je n’ai pas, dit le roi, le temps d’attendre que tu ailles trouver Isfehend, et que tu sois ici de retour. Il ne peut y avoir en ceci rien d’injurieux pour mon visir, dès que c’est moi qui épouse sa fille. »

« Sire, ajouta l’esclave, permettez-moi d’observer à votre Majesté que les choses faites avec tant de promptitude, ou ne sont pas de longue durée, ou ne procurent pas un plaisir pur et solide. Puisque rien ne peut s’opposer à vos vœux, ne vous exposez pas aux suites fâcheuses qu’entraîne quelquefois la précipitation, et n’affligez pas mon maître en le comblant d’honneur. Je connois sa tendresse pour sa fille, et je suis sûr qu’il sera vivement affecté de ne pas vous l’avoir donnée lui-même. »

« Isfehend, interrompit le roi, est mon mamelouk et un de mes esclaves : je m’embarrasse fort peu qu’il soit fâché ou content. » En parlant ainsi, le roi saisit lui-même la bride