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PRÉFACE

d’un génie. L’auteur arabe ne cherche point à détruire une prévention qu’il s’est plu à créer. Sans doute, pour ne point laisser de regrets au lecteur qui lira tout l’ouvrage, et pour mettre un terme à une barbarie aussi invraisemblable que révoltante, il doit faire obtenir grâce à la sultane ; mais il n’a pas besoin pour cela de persuader Schahriar qu’elle lui sera fidelle. Scheherazade ignore d’ailleurs le motif de la conduite barbare du sultan, qui n’a point révélé son déshonneur. L’adroite et spirituelle conteuse ne cherche qu’à l’amuser, et à gagner du temps. Schahriar ne se défie pas de cette ruse : il la laisse volontiers vivre un jour, parce qu’il peut la faire mourir le lendemain.