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CONTES ARABES.

personne n’a jamais vues. Si vous voulez en juger par vous-même, vous conviendrez que rien n’est à la fois plus charmant et plus extraordinaire. »

Ce peu de mots excita la curiosité du calife. Il se déshabilla, se ceignit le corps d’un linge, et entra dans le bassin. Le médecin lui dit de s’asseoir ; et aussitôt qu’il l’eut fait, il se trouva au milieu d’une mer d’une immense étendue, se mit à nager, et fut porté par une vague sur un rivage éloigné. Ayant pris terre et se voyant nu, n’ayant qu’un linge autour du corps, il dit en lui-même : « Je vois le but de ces artifices. Mon visir et le médecin se sont entendus pour me dépouiller de mon empire. Ils donneront ma fille au jeune homme, et le médecin va se faire reconnoître calife à ma place. Malheureuse curiosité ! »

Tandis que le calife faisoit ces réflexions, il vit une troupe de jeunes filles qui venoient puiser de l’eau à une fontaine voisine de la mer. Il s’adressa à l’une d’entr’elles, lui dit