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CONTES ARABES.

s’ennuie en vous attendant : je reviendrai vous voir ce soir. »

Après cet entretien, le médecin persan se mit à dîner. Il alla ensuite se promener, s’amusa à voir les beautés de la ville, et revint le soir chez le jeune traiteur. Celui-ci fut bien aise de le revoir, et conçut l’espérance qu’il pourroit au moins soulager sa peine et son ennui. Il ferma sa boutique, et le conduisit dans la maison où il demeuroit. Elle étoit belle et bien meublée ; car il avoit hérité de ses parens une fortune assez considérable. Lorsqu’ils furent entrés, on servit un souper délicat et recherché. Après le repas, le médecin pria le jeune homme de lui raconter son aventure. Il le fit en ces termes :

«Le calife Motaded-billah[1] a une fille dont la beauté peut passer pour un prodige. Elle réunit à une figure charmante, à des yeux tendres

  1. Seizième calife de la dynastie des Abbassides, qui régna depuis l’an 892 jusqu’en 902 de l’ère chrétienne.