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LES MILLE ET UNE NUITS,

disois-je à moi-même, ne leur ai-je pas seulement demandé leur adresse ? » J’attendis jusqu’au soir, sans voir venir personne de leur part. Je me levai fort affligé, disant en moi-même : « Plût à Dieu que je ne leur eusse rien vendu ! Ne vaudroit-il pas mieux encore que je n’eusse gagné que la moitié de ce que j’ai gagné, et que j’eusse reçu l’argent ? Ah, si j’avois retenu les marchandises ! Ces femmes m’ont attrapé, je le vois. Jamais elles ne reviendront ici. »

» Plein de ces réflexions, je fermai ma boutique, et je m’en retournai à la maison, fort embarrassé de ce que je dirois à mon père, lorsqu’il apprendroit mon aventure. À peine fus-je entré, que ma mère s’aperçut que je n’étois pas d’aussi bonne humeur qu’à l’ordinaire. «Qu’as-tu, me dit-elle, tu as l’air fâché ? Il est inutile de dissimuler : je vois bien que quelque chose te fait beaucoup de peine. Dis-moi ce qui t’est arrivé aujourd’hui, et ce qui