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CONTES ARABES.

dre, il me rendroit la liberté et puniroit son visir d’avoir signé si légérement l’ordre de me renfermer. J’espère que vous joindrez vos prières aux miennes pour obtenir du ciel la grâce que je lui demande. »

Le calife à ces mots regarda Giafar. Celui-ci fort étonné cherchoit en lui-même quel étoit ce jeune homme, et sur quoi étoient fondées ses plaintes ; mais faisant réflexion qu’il étoit fou, et qu’il ne faut pas faire attention à ce que disent les fous, il sourit, et leva les épaules.

Le calife, jaloux de découvrir la vérité de cette affaire, dit au jeune homme : « Je consens volontiers à entendre le récit de votre histoire, et je vous promets que nous prierons le ciel de vous envoyer le calife, afin qu’il vous fasse rendre justice. » « Dieu vous entende, répondit le jeune homme : asseyez-vous. » Le prince s’assit, et le jeune homme commença ainsi son histoire :

« Mon père est syndic des marchands de Bagdad. Il invita un soir