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LES MILLE ET UNE NUITS,

de son maître, jeta sa masse d’armes, et se prosterna par terre.

« Lâche, dit le calife, tu es un grand seigneur, et tu souffres que le lieutenant de police vienne vexer, tourmenter dans ton voisinage, des femmes retirées dans leur maison, et qui n’ont point d’homme avec elles ! Tu restes tranquillement chez toi, et tu n’en sors pas pour repousser et traiter comme il le mérite cet indigne officier ! » « Commandeur des croyans, répondit Iounis, si je n’avois craint de maltraiter un magistrat, en qui vous pouviez avoir confiance, cette nuit lui eût été fatale, ainsi qu’à sa troupe ; et si vous l’ordonnez, je vais les charger à l’instant, et les mettre tous en pièces. Comment un lieutenant de police et ses archers pourroient-ils me résister ? »

« Entrons d’abord chez vous, lui dit le calife. » Iounis vouloit le faire asseoir ; mais il refusa, et lui dit de le faire monter sur la terrasse. Lorsqu’ils y furent, il lui montra la maison des femmes dont il lui avoit parlé,