Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LES MILLE ET UNE NUITS,

accompagner un lieutenant de police, mais plutôt pour rester assis sur le banc des juges. Il ne faut dans notre état que des gens alertes, déterminés, acharnés à leur proie, propres à faire un coup de main, et à surprendre le monde. »

« Maudit Schamama, disoit en lui-même le calife en écoutant ce discours, je te récompenserai comme tu le mérites. » En même temps il aperçut près de la maison où demeuroit la vieille, une rue sans issue. Il y entra, et vit une grande porte au-devant de laquelle étoit une tapisserie et une lampe suspendue ; à côté étoit assis un eunuque. Le maître de ce palais étoit un des émirs du calife, qui commandoit mille soldats ; il s’appeloit l’émir Iounis. C’étoit un homme dur et féroce, qui, lorsqu’il n’avoit pas assommé quelqu’un dans sa journée, ne mangeoit pas, tant il étoit en colère.

L’eunuque voyant venir le calife, cria après lui, et se leva pour le frapper, en disant : « Où vas-tu, insensé ? »