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CONTES ARABES.

Le premier esclave blanc qui étoit sorti de la maison d’Aladdin, avoit fait arrêter tous les passans qui l’aperçurent ; et avant que les quatre-vingts esclaves, entremêlés de blancs et de noirs, eussent achevé de sortir, la rue se trouva pleine d’une grande foule de peuple qui accouroit de toutes parts pour voir un spectacle si magnifique et si extraordinaire. L’habillement de chaque esclave étoit si riche en étoffe et en pierreries, que les meilleurs connoisseurs ne crurent pas se tromper en faisant monter chaque habit à plus d’un million. La grande propreté, l’ajustement bien entendu de chaque habillement, la bonne grâce, le bel air, la taille uniforme et avantageuse de chaque esclave, leur marche grave à une distance égale les uns des autres, avec l’éclat des pierreries d’une grosseur excessive enchâssées autour de leurs ceintures d’or massif dans une belle symétrie, et les enseignes aussi de pierreries attachées à leurs bonnets qui étaient d’un goût tout particulier,