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CONTES ARABES.

ma fille ne m’ait dit la vérité ; je serai bien aise néanmoins d’en avoir la confirmation par le témoignage de votre fils : allez, et demandez-lui ce qui en est. »

Le grand visir ne différa pas d’aller joindre son fils ; il lui fit part de ce que le sultan venoit de lui communiquer, et il lui enjoignit de ne lui point déguiser la vérité, et de lui dire si tout cela étoit vrai ? « Je ne vous la déguiserai pas, mon père, lui répondit le fils, tout ce que la princesse a dit au sultan est vrai ; mais elle n’a pu lui dire les mauvais traitemens qui m’ont été faits en mon particulier, les voici : Depuis mon mariage j’ai passé deux nuits les plus cruelles qu’on puisse imaginer, et je n’ai pas d’expression pour vous décrire au juste et avec toutes leurs circonstances les maux que j’ai soufferts. Je ne vous parle pas de la frayeur que j’ai eue de me sentir enlever quatre fois dans mon lit, sans voir qui enlevoit le lit et le transportoit d’un lieu à un autre, et sans pouvoir imaginer