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CONTES ARABES.

que les deux ânes chargés d’or ; et après avoir laissé à sa femme le soin de les décharger, et lui avoir fait part en peu de mots de ce qui étoit arrivé à Cassim, il conduisit l’autre âne chez sa belle-sœur.

Ali Baba frappa à la porte, qui lui fut ouverte par Morgiane : cette Morgiane étoit une esclave adroite, entendue, et féconde en inventions pour faire réussir les choses les plus difficiles ; et Ali Baba la connoissoit pour telle. Quand il fut entré dans la cour, il déchargea l’âne du bois et des deux paquets ; et en prenant Morgiane à part : « Morgiane, dit-il, la première chose que je te demande, c’est un secret inviolable : tu vas voir combien il nous est nécessaire autant à ta maîtresse qu’à moi. Voilà le corps de ton maître dans ces deux paquets, il s’agit de le faire enterrer comme s’il étoit mort de sa mort naturelle. Fais-moi parler à ta maîtresse, et sois attentive à ce que je lui dirai. »

Morgiane avertit sa maîtresse, et