Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/362

Cette page a été validée par deux contributeurs.
354
LES MILLE ET UNE NUITS,

l’éclaircissement en lui apprenant de quelle adresse elle s’étoit servie pour faire cette découverte, et elle lui montra la pièce de monnoie qu’elle avoit trouvée attachée au-dessous de la mesure : pièce si ancienne, que le nom du prince qui y étoit marqué lui étoit inconnu.

Loin d’être sensible au bonheur qui pouvoit être arrivé à son frère pour se tirer de la misère, Cassim en conçut une jalousie mortelle. Il en passa presque la nuit sans dormir. Le lendemain il alla chez lui, que le soleil n’étoit pas levé. Il ne le traita pas de frère : il avoit oublié ce nom depuis qu’il avoit épousé la riche veuve.

« Ali Baba, dit-il en l’abordant, vous êtes bien réservé dans vos affaires, vous faites le pauvre, le misérable, le gueux ; et vous mesurez l’or ! »

« Mon frère, reprit Ali Baba, je ne sais de quoi vous voulez me parler ? Expliquez-vous. »

« Ne faites pas l’ignorant, repartit