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LES MILLE ET UNE NUITS,

Quoiqu’on ne parlât pas de voleurs dans le pays, Ali Baba néanmoins eut la pensée que ces cavaliers pouvoient en être : sans considérer ce que deviendroient ses ânes, il songea à sauver sa personne. Il monta sur un gros arbre, dont les branches à peu de hauteur se séparoient en rond, si près les unes des autres, qu’elles n’étoient séparées que par un très-petit espace. Il se posta au milieu avec d’autant plus d’assurance, qu’il pouvoit voir sans être vu ; et l’arbre s’élevoit au pied d’un rocher isolé de tous les côtés, beaucoup plus haut que l’arbre, et escarpé de manière qu’on ne pouvoit monter au haut par aucun endroit.

Les cavaliers, grands, puissans, tous bien montés et bien armés, arrivèrent près du rocher, où ils mirent pied à terre ; et Ali Baba, qui en compta quarante, à leur mine et a leur équipement, ne douta pas qu’ils ne fussent des voleurs. Il ne se trompoit pas : en effet, c’étoient des voleurs, qui, sans faire aucun tort