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CONTES ARABES.

vaux. Les magasins étoient fermés ; et ils étoient trop éloignés pour en aller faire provision si tard.

» En cherchant dans le voisinage, un de mes esclaves trouva un vase de son dans une boutique ; il acheta le son, et l’apporta avec le vase, à la charge de rapporter et de rendre le vase le lendemain. L’esclave vuida le son dans l’auge ; et en l’étendant, afin que les chevaux en eussent chacun leur part, il sentit sous sa main un linge lié qui étoit pesant. Il m’apporta le linge sans y toucher, et dans l’état où il l’avoit trouvé, et il me le présenta, en me disant que c’étoit peut-être le linge dont il m’avoit entendu parler souvent, en racontant mon histoire à mes amis.

» Plein de joie, je dis à mes bienfaiteurs : « Seigneurs, Dieu ne veut pas que vous vous sépariez d’avec moi, que vous ne soyez pleinement convaincus de la vérité, dont je n’ai cessé de vous assurer. Voici, continuai-je, en m’adressant à Saadi, les autres cent quatre-vingt-dix pièces