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LES MILLE ET UNE NUITS,

tant : « Mon père, me dit l’aîné, voyez-vous ce nid dans un turban ? »

» Saadi et Saad ne furent pas moins surpris que moi de la nouveauté ; mais je le fus bien plus qu’eux, en reconnoissant que le turban étoit celui que le milan m’avoit enlevé. Dans mon étonnement, après l’avoir bien examiné et tourné de tous les côtés, je demandai aux deux amis : « Seigneurs, avez-vous la mémoire assez bonne pour vous souvenir que c’est là le turban que je portois le jour que vous me fîtes l’honneur de m’aborder la première fois ? »

« Je ne pense pas, répondit Saad, que Saadi y ait fait attention non plus que moi ; mais ni lui ni moi nous ne pourrons en douter, si les cent quatre-vingt-dix pièces d’or s’y trouvent. »

« Seigneur, repris-je, ne doutez pas que ce ne soit le même turban : outre que je le reconnois fort bien, je m’aperçois aussi à la pesanteur que ce n’en est pas un autre, et vous vous en apercevrez vous-même si