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CONTES ARABES.

çurent que de l’ébranlement du lit et de leur transport d’un lieu à un autre : c’étoit bien assez pour leur donner la frayeur qu’il est aisé d’imaginer.

Le génie ne venoit que de poser le lit nuptial en sa place, quand le sultan, curieux d’apprendre comment la princesse sa fille avoit passé la première nuit de ses noces, entra dans la chambre pour lui souhaiter le bon jour. Le fils du grand visir morfondu du froid qu’il avoit souffert toute la nuit, et qui n’avoit pas encore eu le temps de se réchauffer, n’eut pas sitôt entendu qu’on ouvroit la porte, qu’il se leva, et passa dans une garderobe où il s’étoit déshabillé le soir.

Le sultan approcha du lit de la princesse, la baisa entre les deux yeux, selon la coutume, en lui souhaitant le bonjour, et lui demanda en souriant comment elle se trouvoit de la nuit passée ; mais en relevant la tête, et en la regardant avec plus d’attention, il fut extrêmement sur-