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CONTES ARABES.

dire. Elle n’étoit nullement en état de lui répondre. La frayeur et l’étonnement où elle étoit d’une aventure si surprenante et si peu attendue, l’avoient mise dans un tel état, qu’Aladdin n’en put tirer aucune parole. Aladdin n’en demeura pas là : il prit le parti de se déshabiller, et il se coucha à la place du fils du grand visir, le dos tourné du côté de la princesse, après avoir eu la précaution de mettre un sabre entre la princesse et lui, pour marquer qu’il mériteroit d’en être puni s’il attentoit à son honneur.

Aladdin content d’avoir ainsi privé son rival du bonheur dont il s’étoit flatté de jouir cette nuit-là, dormit assez tranquillement. Il n’en fut pas de même de la princesse Badroulboudour : de sa vie il ne lui étoit arrivé de passer une nuit aussi fâcheuse et aussi désagréable que celle-là ; et si l’on veut bien faire réflexion au lieu et à l’état où le génie avoit laissé le fils du grand visir, on jugera que ce nouvel époux la passa d’une