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CONTES ARABES.

par quelque méchanceté. Aujourd’hui je me suis avisée d’aller acheter du pain chez ce boulanger. J’ai été témoin de la vérité qu’on a publiée, et j’ai eu l’adresse de me faire suivre par ce chien si rare qui fait la merveille de Bagdad. Qu’en dites-vous, ma fille ? Me suis-je trompée dans ma conjecture ? »

« Vous ne vous êtes pas trompée, ma mère, répondit la fille ; je vais vous le faire voir. »

» La demoiselle se leva ; elle prit un vase plein d’eau, dans lequel elle plongea la main ; et en me jetant de cette eau, elle dit :

« Si tu es né chien, demeure chien ; mais si tu es né homme, reprends la forme d’homme par la vertu de cette eau. »

» À l’instant l’enchantement fut rompu ; je perdis la figure de chien, et je me vis homme comme auparavant.

» Pénétré de la grandeur d’un pareil bienfait, je me jetai aux pieds de la demoiselle ; et après lui avoir