Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VI.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
CONTES ARABES.

j’avois si bien rencontré sans hésiter. La femme, convaincue de la fausseté de sa pièce, n’eut rien à dire, et fut obligée d’en donner une autre bonne à la place. Dès qu’elle fut partie, mon maître appela ses voisins, et leur exagéra fort ma capacité en leur racontant ce qui s’étoit passé.

» Les voisins en voulurent avoir l’expérience, et de toutes les pièces fausses qu’ils me montrèrent mêlées avec d’autres de bon aloi, il n’y en eut pas une sur laquelle je ne misse la patte et que je ne séparasse d’avec les bonnes.

» La femme, de son côté, ne manqua pas de raconter à toutes les personnes de sa connoissance qu’elle rencontra dans son chemin, ce qui venoit de lui arriver. Le bruit de mon habileté à distinguer la fausse monnoie, se répandit en peu de temps, non-seulement dans le voisinage, mais même dans tout le quartier, et insensiblement dans toute la ville.

» Je ne manquois pas d’occupation toute la journée : il falloit contenter