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LES MILLE ET UNE NUITS,

s’étoit saisi et qu’il m’avoit montrée, pouvoit être quelque chose de plus précieux que toutes les richesses dont je lui étois redevable.

« L’endroit où le derviche l’a prise, disois-je en moi-même, et le soin qu’il a eu de s’en saisir, me fait croire qu’elle enferme quelque chose de mystérieux. »

» Cela me détermina à faire en sorte de l’obtenir. Je venois de l’embrasser en lui disant adieu : « À propos, lui dis-je en retournant à lui, que voulez-vous faire de cette petite boite de pommade ? Elle me paroît si peu de chose, ajoutai-je, qu’elle ne vaut pas la peine que vous l’emportiez, je vous prie de m’en faire présent. Aussi bien, un derviche comme vous qui a renoncé aux vanités du monde, n’a pas besoin de pommade. »

» Plût à Dieu qu’il me l’eût refusée cette boîte ! Mais quand il l’auroit voulu faire, je ne me possédois plus, j’étois plus fort que lui, et bien résolu à la lui enlever par force, afin que pour mon entière satisfaction, il ne