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LES MILLE ET UNE NUITS,

Ils rentrèrent dans la ville, et en passant par une place, ils y trouvèrent grand nombre de spectateurs qui regardoient un homme jeune et bien mis, monté sur une cavale qu’il poussoit à toute bride autour de la place, et qu’il maltraitoit cruellement à coups de fouet et d’éperons, sans aucun relâche, de manière qu’elle étoit tout en écume et tout en sang.

Le calife étonné de l’inhumanité du jeune homme, s’arrêta pour demander si l’on savoit quel sujet il avoit de maltraiter ainsi sa cavale, et il apprit qu’on l’ignoroit, mais qu’il y avoit déjà quelque temps que chaque jour à la même heure il lui faisoit faire ce pénible exercice.

Ils continuèrent de marcher ; et le calife dit au grand visir de bien remarquer cette place, et de ne pas manquer de lui faire venir demain ce jeune homme à la même heure que l’aveugle.

Avant que le calife arrivât au palais, dans une rue par où y il avoit long-temps qu’il n’avoit passé, il re-