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CONTES ARABES.

dition, sans contrevenir à un serment solennel que j’en ai fait devant Dieu ; et si vous en saviez la raison, vous tomberiez d’accord avec moi, que la peine en est très-légère. »

Le calife, qui ne vouloit pas être retardé plus long-temps, céda à l’importunité de l’aveugle, et lui donna un soufflet assez léger. L’aveugle quitta prise aussitôt en le remerciant et en le bénissant. Le calife continua son chemin avec le grand visir ; mais à quelques pas de là, il dit au visir : « Il faut que le sujet qui a porté cet aveugle à se conduire ainsi avec tous ceux qui lui font l’aumône, soit un sujet grave. Je serois bien aise d’en être informé : ainsi retourne, et dis-lui qui je suis, qu’il ne manque pas de se trouver demain au palais, au temps de la prière de l’après-dînée, et que je veux lui parler. »

Le grand visir retourna sur ses pas, fit son aumône à l’aveugle ; et après lui avoir donné un soufflet, il lui donna l’ordre, et il revint rejoindre le calife.